Printemps de Prague, un souffle de liberté vite étouffé
Depuis le coup de Prague de février 1948, la Tchécoslovaquie est sous tutelle soviétique. Durant les huit premiers mois de l’année 1968 le peuple tchécoslovaque, et tout particulièrement la jeunesse, aspire à davantage de liberté et de démocratie. Cette émancipation est cependant très vite stoppée par Moscou.
Le 5 Janvier 1968, Alexandre Dubček est élu dirigeant du comité central du Parti communiste tchécoslovaque (PCT). Il met rapidement en place de grandes réformes : il autorise les voyages à l’étranger, accorde davantage de liberté à la presse et fait même arrêter le chef de la police, réputé pour sa cruauté.
Son programme s’intitule le « socialisme à visage humain ». Il souhaite prouver que socialisme ne rime pas forcément avec autoritarisme. Qu’une autre voie est possible.
Dès mars, tout s’accélère. Lors du XIVe congrès du PCT, qui se déroule clandestinement en raison des pressions de Moscou pour que tout redevienne « comme avant », les délégués ont la possibilité d’être acteurs du débat et non plus spectateurs. C’est un véritable bouleversement dans le fonctionnement du système politique.
Dubček ne s’arrête pas là. Au fur et à mesure que le « Printemps » avance, les réformes se font plus nombreuses. En juin, la censure est officiellement supprimée, un « manifeste des 2000 mots » critique violemment le fonctionnement soviétique.
Cependant, plus le temps passe, plus Dubček est mis sous pression. Brejnev, secrétaire général de l’URSS, lui demande d’enclencher un retour en arrière pour qu’il revienne dans la ligne idéologique de Moscou. En effet, les dirigeants soviétiques craignent que cet élan de liberté ne « contamine » les pays voisins. Il faut donc que cela cesse, et au plus vite.
Cette courte parenthèse prend fin dans la nuit du 20 au 21 août 1968, quand des milliers d’hommes et des centaines de tanks du Pacte de Varsovie envahissent la Tchécoslovaquie.
La contestation des Tchécoslovaques est quasi-inexistante, on compte environ 108 morts, ce qui est, toutes proportions gardées, très faible par rapport à l’ampleur du déploiement soviétique. Beaucoup d’habitants sont dans l’incompréhension la plus totale. Déçus, ils ont du mal à comprendre pourquoi ce sont des « amis » qui les envahissent. En effet, il ne faut pas oublier que Dubček n’était absolument pas anti-communiste, il prônait seulement un régime qui conserverait les valeurs soviétiques tout en donnant plus de liberté au peuple.
Les Tchécoslovaques ont aussi en tête la répression sanglante chez le voisin hongrois en 1956. Budapest avait aussi revendiqué plus de libertés, et 200 000 personnes avaient péri sous les balles des canons soviétiques.
Des réactions diverses dans le monde
Leonid Brejnev impose une remise au pas brutal, un retour à la « normalisation ». La doctrine Brejnev, caractérisée, notamment, par un immobilisme très fort s’illustre ici parfaitement. Effrayée par la nouveauté, l’élite moscovite préfère ne rien changer, pour être certaine de rester en place et de ne pas se faire renverser.
Du côté Soviétique, les avis sont partagés. Cuba n’approuve pas l’intervention de Brejnev. Au contraire la Chine condamne le « Printemps de Prague ».
Quant à l’Occident, bien qu’en état de choc, il se contente de condamnations de principe.
La grande révélation de cet épisode tchécoslovaque, et de l’année 1968 partout dans le monde, reste l’émergence tonitruante de la jeunesse. Beaucoup la pensaient dépourvue de toute conscience politique, de tout intérêt pour la chose publique. Ce « Printemps » a prouvé l’inverse. Cette jeunesse, qui n’a pas, ou peu connu la guerre s’est dévoilée au grand jour. Après avoir eu le temps de souffler un vent de liberté, il lui faudra attendre plus de 20 ans pour que l’espoir de ce Printemps reprenne vie.
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